vendredi 15 juin 2012

La mémoire sélective d'un monstre de jalousie

, Manuel Teixeira a décrit de manière presque anodine l'effrayant carnage auquel il s'est livré ce funeste 18 avril 2009. Au profit d'une mémoire sélective, ce monstre de jalousie reste incapable de regarder en face le massacre de son épouse et de leur fillette de 9 ans.

«J'ÉTAIS à cran. Je voulais savoir ce qu'elle pensait de moi et si on allait se remettre ensemble », explique Manuel Teixeira avec un air de chien battu. Le 18 avril 2009, ce chef d'équipe, employé dans le BTP, rumine sa colère en cheminant jusqu'au magasin Cora des Ayvelles. Déjà condamné à trois reprises pour violences et menaces de mort, il est déterminé à renouer avec Florence, en dépit d'une interdiction formelle de la rencontrer. Car ce monstre de jalousie, dévoré par son égoïsme forcené et sa paranoïa, ne peut se résoudre à perdre celle qu'il « aime à la folie ».
En particulier, Manuel Teixeira est agacé par les termes d'un papier de divorce, reçu trois jours avant. Il ne comprend pas qu'on lui reproche d'avoir délaissé ses enfants. Surtout, il s'inquiète d'une somme de 15 000 euros réclamée dans le cadre de leur séparation. « C'était le bon moment pour lui parler », répète-t-il à propos de ce funeste samedi. Il pénètre dans la maison en l'absence de son épouse. En attendant son retour, il fait le tour du propriétaire « pour voir si rien n'avait changé ».
« Je ne voulais pas leur faire de mal », insiste l'accusé. Il se dissimule dans la salle de bain et l'observe décharger les courses avec la petite Amélie. Puis il apparaît dans le couloir. « J'ai dit : ''Bonjour chérie, je ne suis pas venu pour t'embêter mais j'ai besoin de savoir où on en est'' », se remémore-t-il dans le box. « Elle m'a répondu : ''C'est pas le moment car je suis énervée après ma fille (Elodie, NDLR).'' » A l'entendre, Manuel Teixeira joue alors les redresseurs de torts. « Elle m'a dit qu'elle allait mettre Elodie dehors. Je n'étais pas d'accord avec elle. C'est là que j'ai voulu lui faire peur. »
« Je quitte la cuisine, je vais dans la chambre pour chercher le sabre et je reviens », poursuit l'accusé. « Florence m'a dit : ''Qu'est-ce que tu fais avec ça ?'' »
Puis il livre quelques bribes de la furie meurtrière qui suit. « Je me vois donner trois coups à ma femme. Je pense, dans le ventre, mais je n'en suis pas sûr. Je ne sais pas si elles ont dit quelque chose ou si elles ont pleuré car je ne revois pas la scène », s'excuse l'accusé à la mémoire sélective.
Il est tout autant frappé d'amnésie au moment d'évoquer l'agression de la petite Amélie. « J'ai porté un coup. J'ai pris une colère rouge, je n'en pouvais plus », souffle-t-il.
A la présidente, Patricia Ledru, qui insiste pour en savoir davantage, il indique : « J'étais trop énervé, j'arrivais pas à me contrôler. Elle s'est relevée, je lui ai remis un autre coup… Je ne comprends pas comment j'ai pu en arriver là », poursuit-il en essuyant ses larmes. Après sa tentative de suicide manquée, Manuel Teixeira assure qu'il est retourné sur la scène de crime pour « embrasser ma femme sur la tête et ma fille sur la joue ».
Me Didier Seban, avocat de la partie civile, ne croit pas un mot de cette version édulcorée du massacre. « Moi, j'entends des hurlements et je vois la porte de la cuisine fermée pour les empêcher de fuir. Un vrai guet-apens. » L'accusé le conteste.
« Vous l'avez gardée en la tuant », assène l'avocat parisien. Puis il questionne l'accusé sur les confidences faites à sa mère juste après le drame. « Ça y est, c'est fini, je l'ai butée », à propos de Florence. Ou encore au sujet de la petite Amélie : « Je lui ai fait son compte aussi, je ne les ai pas séparées, comme ça elle est partie avec sa mère. » « Je ne me souviens pas avoir dit ça. Moi-même, je n'arrive pas à comprendre », ressasse Manuel Teixeira.


http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/la-memoire-selective-dun-monstre-de-jalousie

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